Je me suis souvent fait dire que j’étais trop.
“Trop sensible, tu n’arriveras à rien si tu ne te crées pas une carapace.”
“Trop enthousiaste. Tu déranges les gens car tu ris fort.”
“Trop intense. Il ne faut pas prendre les choses à coeur comme cela.”
Et la liste pourrait se poursuivre.
S’il est vrai ces qualificatifs s’appliquent à moi à certains égards, j’ai souffert de me faire dire que j’étais trop.
À l’adolescence, à force de me faire dire que je prenais trop de place, j’ai fini par me renfermer sur moi-même et m’auto-censurer.
J’ai fait comme beaucoup de monde, je me suis créée un personnage fonctionnel en société qui ne dérangeait pas trop.
Quand j’ai voulu percer dans le milieu de la musique je me suis fait reprocher le contraire : tu n’es pas assez authentique, originale, extravagante.
Ouf, disons que cette période a causé d’énormes remises en questions intérieures. Comment avais-je pu être “trop” et maintenant “pas assez”?
Comment pouvais-je exprimer toutes les facettes de moi de façon alignée, intègre et sincère?
La pratique du yoga m’a grandement aidé à faire le tri de ce qui se passait à l’intérieur de moi. Le corps, quand il est déposé, est une mine d’or d’informations sur soi.
J’ai donc du apprendre à me poser et à écouter. Ce faisant, j’ai mieux compris qui j’étais, et ensuite décelé dans quelle circonstances mon côté “trop” ressortait.
Sans jugement de ma part mais en me regardant agir avec bienveillance.
J’ai réalisé avec le temps que parfois je riais “trop fort” pour cacher un malaise. Mais que dans d’autres situations, j’étais grandement amusée et que mon rire était sincère. L’idée n’étant pas de me censurer, peu importe la raison pour laquelle je le faisais, mais plutôt d’être consciente du pourquoi.
Ma sensibilité et mon intensité peuvent parfois être perçues comme “trop” par des gens qui sont déconnectés, ou qui n’expriment pas leurs ressentis de la même façon que moi. Je suis plutôt du type feu d’artifice : j’explose d’émotions ! J’ai appris à accepter que chacun vit ses émotions différemment.
Je me laisse le droit de pleurer (de joie autant que de peine) si c’est ce que je ressens, et je ne m’attend plus à ce que les autres fassent comme moi.
Avec le temps, j’ai aussi fait la paix avec le fait que je prends les choses à coeur. Je souffre parfois d’être aussi passionnée, sensible et empathique. Mais, plus souvent qu’autrement, ces qualités me servent. Comment pourrais-je continuer d’écrire, d’accompagner des gens en conscience ou d’avoir des conversations profondes si je ne prends pas les choses à coeur?
J’ai appris à ne plus me juger comme “trop” ou “pas assez”. Je suis. J’ai des qualités, des défauts, des forces et des faiblesses. Ça vient avec le forfait “être un humain.”
Et, à mon avis, on ne peut être “trop” humain.